Le collectionneur

6 Mars 2019

Que faire? C’était une bonne question.

Gus a fait part de ses inquiétudes ; il ne voulait pas garder cet argent qui , pour lui , ne valait plus rien. Il a pris ses affaires et claqué la porte en disant « Continuez sans moi, je ne veux plus rien savoir de cette histoire qui ne nous mène qu’à des emmerdes. A plus les gars!»

Mais la Belette, ne voulant pas abandonner de sitôt, a essayé de naviguer sur Internet pour trouver une solution de revente sur le dark web, et voir si cette monnaie était encore utilisée dans d’autres pays. Après maintes et maintes recherches non concluantes, la Belette s’est énervé :

« Ça me saoule! On ne peut rien faire de ces fichus billets!»

« Allez Belette, toi qui as l’habitude de ne jamais lâcher! Il y a forcément quelque chose à faire avec. Vas-y, je t’aide.» a enchaîné Nounours.

Quelques heures plus tard, les yeux de la Belette se sont écarquillés quand il a vu l’annonce d’un site de vente aux enchères. Un vieux collectionneur était à la recherche d’ancienne monnaie et était prêt à tout, même à payer trois fois le prix de ses concurrents pour en obtenir.

Enthousiaste, Nounours a exprimé sa joie :

- Super ! Voilà la fin de tous nos problèmes !

Mais la Belette a froncé les sourcils et a enchaîné :

- Attends, c’est chelou mec, imagine on nous entube! Ça représente quand même un paquet de fric !

Un peu plus tard, ils ont contacté le vieux collectionneur par mail pour se mettre d’accord sur l’heure la plus propice à l’échange, à l’abri des regards, dans un lieu assez reculé pour éviter tout témoin.

Le rendez-vous aurait donc lieu dans un hôtel bas de gamme, près de la Rue Saint-Charles, à18h pétantes.

Le jour J, la Belette et Nounours sont arrivés chargés, avec des valises extravagantes, assorties à leur tenue : chemises hawaïennes, chapeau et lunettes de soleil. Leur sourire n’était que façade, car au fond d’eux, ils étaient pétrifiés et anxieux de la rencontre avec le collectionneur.

17h39 : les deux jeunes ont longé le couloir, faisant résonner les roues des valises dans tout l’étage.

17h40: La belette, tremblant, s’y est pris a deux fois pour réussir à mettre la clé dans la serrure.

La porte a grincé et ils sont entrés. A peine le premier pas posé, une voix forte et grave les a interpellés : « Police! Main sur..»

Pris de panique, les deux garçons ont lâché tout ce qu’ils avaient en leur possession et ont pris leurs jambes à leur cou puis ont dévalé les escaliers en deux-deux. Nounours a balancé : « Putain de merde, cours! Plus vite! »

Se jetant sur la porte de sortie, la Belette et Nounours ont été pris au piège : dix policiers armés jusqu’aux dents, les ont stoppés dans leur lancée.

Mains menottées dans le dos, ventre à terre, les flics les ont emmenés au poste.

18h12 : Arrivés là-bas, encore sous le choc, La Belette et Nounours ont été placés dans LE bureau d’interrogatoire.

Quelques jours avant, Gus a entendu aux infos que le propriétaire des billets était prêt à primer la personne qui retrouverait son argent volé en échange de 15 % du gain récupéré. Tout en pesant le pour et le contre, Gus a décidé, sans aucune autre alternative, de tenter sa chance, étant donné qu’il n’avait plus rien à perdre, sauf de trahir ses amis. Il a donc accepté de se rendre, il a avoué les faits à la police, et a participé à l’élaboration du « faux collectionneur » pour que les autres se fassent prendre la main dans le sac.

18h22 : L’interrogatoire a commencé. Gus est entré , avec le flic responsable de l’enquête.

- Mais non ! Ils t’ont choppé, toi aussi ?! a sorti la Belette.

- On est mort les gars, a enchaîné Nounours. Ils nous ont choppés avec le fric! Mais attends ! Qu’est ce que tu fous sans menottes toi !?

- Bon, je vais tout vous avouer , c’est moi qui ai tout balancé aux keufs, je suis désolé, j’avais plus un rond pour me payer à bouffer depuis des semaines mais j’avais honte donc je vous ai rien dit. Y’avait pas de vrai collectionneur, c’était nous depuis le début! Désolé encore et encore je ne pourrai plus vous regarder dans les yeux! M’en voulez pas sérieux je suis désolé. » a dit Gus, piteusement.

- Mdr ! t’excuser ? Toi ? Alors que tu nous as poucave juste pour deux malheureux billets! Après tout ce qu’on a vécu ensemble tu crois pas qu’on aurait trouvé mieux ? On en a passé des galères ! On s’en est toujours sorti ! Et toi !? Voilà comment tu nous remercies ! dit Nounours

- Comment t’as pu ? Plutôt crever que voir ta tronche de lâche devant moi ! Dégage! Retourne aider tes flics plutôt que tes potes! a crié la Belette.

Gus s’est effondré.Tout en se dirigeant vers la porte, il a juste réussi à murmurer :

- Croyez pas que ça me fait plaisir, j’ai perdu autant que vous dans cette histoire !

Prévenu de l’arrestation , le propriétaire a débarqué au poste avec les 15 % promis, remerciant Gus d’avoir retrouvé l’argent.

Coup de théâtre, les 15 % étaient , eux aussi , délivrés en francs !