L'histoire de la maison

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-Eh ben, tu devineras jamais ce qu'on a trouvé à l'intérieur...un journal intime, je te jure que c'est vrai, il a appartenu à un certain Florian.
Fouillant dans le fond de son sac, elle en a sorti le carnet, abimé et poussiéreux qui sentait le moisi.
-Ecoute! lui-dit elle...

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"Je n’ai pas vu maman dans cet état là depuis une éternité. Elle est en furie, elle crie, elle pleure. On est en plein mois de Juin les gens devraient être heureux pourtant.  J’ai dit à tout le monde de rester dans sa chambre et j’ai consolé mes petites sœurs. C’est de la faute à papa comme d’habitude. Mais cette fois ce sera la dernière dispute. J’étais dans les escaliers, je l'ai vu partir avec ses affaires, il m’a regardé puis a tourné la tête, il a ouvert la porte et il est parti sans se retourner. Je ne sais pas comment je vais expliquer ça aux autres surtout que c’est pas maman qui va le faire vu comment elle pleure.
Je m'appelle Florian, enfin tout le monde m’appelle Flo, j’ai 16 ans, je suis le plus grand d’une famille de 6 enfants, 3 sœurs, Eva, Maëlle (mes demi – sœurs) et Lucie et les jumeaux Dorian et Paul. Et jusque-là les disputes des parents étaient en 3 mots : normales, quotidiennes et fréquentes, mais maintenant papa est parti et maman est en morceaux, alors je ne mets pas trois minutes à en conclure que je vais devoir m’occuper de tout ce petit monde. Je les ai appelés pour faire une réunion dans ma chambre.
- « Ok, faut que je vous explique quelque chose…Maëlle faut que tu arrêtes de pleurnicher là ! bon papa c’est fini ! »
- Les jumeaux à l’unisson « comment ça! »
- « Bah genre tchao, bye bye, il s’est cassé quoi ! »
- « Quoi mais je ne comprends pas ? a répondu Eva
- « ça veut dire que papa on ne le reverra plus, il ne reviendra pas. Les parents se sont disputés, il a pris ses affaires et il est parti. »
Dans la chambre le silence est complet, personne ne s’exprime puis Eva regagne sa chambre sans dire un mot et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il ne reste plus que moi.

On est en septembre, on ne voit presque plus notre mère, je la croise quelque fois dans la cuisine mais après le reste du temps elle est soit dans son lit ou dehors, je ne sais pas ce qu’elle fait… je ne sais pas où elle est… je vois juste son état en rentrant, son mascara noir sur les joues, une odeur plus masculine sur les vêtements et sa manière de tituber. Je me suis renseigné sur la dépression, apparemment je ne suis pas habilité à l’aider, donc je laisse faire et prie pour qu’un médecin croise sa route. En attendant je m’occupe de mes frères et soeurs, je fais en sorte que tout le monde continue à aller à l’école, même moi je continue à y aller ; enfin deux ou trois fois par semaine. Au début mes amis m’ont posé des questions sur mes absences, puis ma mère est passée devant le lycée et quand ils ont vu sa tête les autres ont arrêté de me parler d'elle.  Toute manière je n’aurai jamais de problème avec l’administration du lycée parce qu’ils ne s’occupent jamais de ça ici.

Un mois plus tard je n’ai pas vu maman depuis une semaine... j’espère qu'elle a rencontré un médecin. Mes petites sœurs commencent à s’inquiéter, hier soir en couchant Maëlle elle m’a demandé :
 - Elle va nous abandonner maman ?
- Je ne sais pas miss, j’espère qu’elle va se ressaisir, tu sais maman c’est un humain aussi et parfois comme toi, ça lui arrive d’avoir des gros chagrins, mais un jour ça ira mieux et elle recommencera à s’occuper de toi.
Elle a hoché la tête, je l’ai embrassée sur le front et elle s’est endormie.
Cette nuit j’ai rêvé de ce qui se passait avant, avant que tout ça ait lieu, je nous voyais tous rassemblés dans le salon près de la cheminée on joue, on fait un jeu de société. J’entends maman rire et papa lui souffle des rêves à l’oreille. Je me souviens l’arrivée dans cette maison, papa rêvait d’une maison où il pourrait faire des jeux à l’extérieur, et maman voulait une immense maison où chacun pouvait avoir sa chambre.

Les filles m'ont réveillé ce matin, elles sont venues toutes me donner un dessin, Eva a représenté la maison avec toute la famille, les parents sont dessinés en haut sur un nuage.

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On est en Octobre, je n’ai pas vu maman depuis 1 mois, tout le monde commence à paniquer à la maison et Dorian et Paul commencent à sécher les cours. Je les appelle, il est temps de faire une réunion.

J’arrive dans la chambre, je leur dis : « Maintenant on va se débrouiller tout seul, plus personne ne va à l’école, je vais vous faire cours à la maison sur des choses vraiment utiles. Tout le monde met la main à la pâte. On va établir des règles, chacun va devoir les respecter. Notre commandement c’est la fraternité. »

« Mais on ne va jamais s’en sortir » me dit Maëlle
« Il faut qu’on y arrive » lorsque j’ai vu que c’était Eva qui s’était levée pour dire ça, je me suis dit qu’on avait une chance.
Alors on l'a fait, j’ai établi les règles de vie, un roulement pour le nettoyage, la vaisselle, etc. On s’amuse beaucoup, je leur fais faire du sport, je leur lis des livres, on fabrique des choses, tellement de choses que la maison s’est transformée en cabane géante, il n’y en a aucun qui se plaint de l’absence des parents, ça c’est une vraie réussite. J’ai effacé toutes nos traces administratives, se débrouiller tout seul ça resserre les liens, il fallait bien puisque sinon on nous aurait séparés tous en famille d’accueil ça je ne peux pas l’accepter.

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J’ai 23 ans, et tout le monde a bien grandi, les filles prennent leur indépendance et commencent à vouloir plus d’intimité. Les garçons restent de moins en moins à la maison. J’ai repris les études, je m’étais concerté avec tout le monde avant, et ils étaient tous très heureux pour moi, eux aussi ont repris les cours, ils voulaient tous une vie normale, et la maison commençait à intriguer les voisins, alors je suis devenu le tuteur légal de tout le monde à ma majorité. Aujourd’hui j’ai 23 ans et je vais partir de cette maison, elle a été tout pour moi mais maintenant il est temps que je m’occupe un peu de moi, j’ai pris un appartement tout seul, les jumeaux aussi sont partis de la maison, ils me l’ont annoncé le jour de leurs 18 ans, j’ai pleuré et les ai serrés dans mes bras. Les filles sont toutes en internat. Ils ont tous un bel avenir qui les attend. Je vais encore tous les voir très souvent, toute manière je ne me vois plus vivre sans eux. Je ne sais toujours pas où sont mes parents. Un jour peut-être que j’aurai un coup de téléphone...j’espère juste que ce ne sera pas pour m’annoncer une mauvaise nouvelle. Je vais garder la maison au cas où... et je ne me vois pas la vendre pour l’instant, je m’occuperai de ça plus tard, je ne suis pas encore prêt à m’en séparer. Aujourd’hui j’ai 23 ans et ma mission est remplie, je m’en vais.

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-Eh ben dis-donc, quelle histoire! s'exclame Nounours la gorge serrée.

Elisa

Martin

Gabrielle

Ondrej